L’histoire de Saint Nicolas : origine, légendes et traditions en Lorraine
Nicolas de Myre, aussi appelé Nicolas de Bari, est davantage connu sous le nom de Saint-Nicolas. Né en 270 à Patare, en Lycie (dans l’actuelle Turquie), il meurt en 345 dans la ville de Myre. Figure emblématique de la chrétienté, il est devenu au fil des siècles l’un des saints les plus populaires en Europe. Voici son histoire, telle qu’elle a traversé les âges.
Saint Nicolas, une figure incontournable en Lorraine et en Europe
Chaque 6 décembre, Saint Nicolas est célébré dans plusieurs régions françaises, notamment en Lorraine et en Alsace, où la tradition reste profondément ancrée. De nombreux pays voisins perpétuent également cette fête : Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, chacun avec ses coutumes propres.
La célèbre légende des trois enfants
La plus connue des légendes lorraines raconte l’aventure dramatique de trois petits enfants partis glaner aux champs. Sur le chemin du retour, ils s’égarent et aperçoivent la lumière d’une maison. Ils frappent à la porte et un boucher leur propose l’hospitalité.
Mais à peine entrés, l’homme les tue, les découpe et les place dans son saloir pour en faire du petit salé.
Quelques temps plus tard, Saint Nicolas passe devant la maison et demande au boucher du petit salé. Comprenant qu’il est démasqué, le boucher avoue. Saint Nicolas étend alors trois doigts au-dessus du saloir et ressuscite les trois enfants.
Pour le punir, il enchaîne le boucher à son âne. L’homme devient alors le personnage du Père Fouettard, sombre et sévère, opposé à la bonté et à la lumière de Saint Nicolas.
Saint-Nicolas-de-Port : un sanctuaire lorrain
En 1090, le chevalier lorrain Aubert de Varangéville ramène de Bari une relique précieuse : une phalange de la main droite de Saint Nicolas, celle qui aurait servi à ressusciter les enfants.
D’abord conservée dans une église, la relique est transférée au XVe siècle dans la grande Basilique de Saint-Nicolas-de-Port, construite en l’honneur du Saint Patron de la Lorraine. À l’époque, la ville est un centre économique majeur du duché, animée par des foires attirant des marchands venus de toute l’Europe.
L’essor du culte de Saint Nicolas en Lorraine
Dès le XIe siècle, le culte de Saint Nicolas prend de l’ampleur en Lorraine. Les cathédrales de Verdun et Metz lui rendent hommage, tandis que de nombreux vitraux et œuvres d’art lui sont consacrés, comme dans la collégiale Saint-Gengoult de Toul au XIIIe siècle.
La figure du saint accompagne aussi des événements historiques majeurs :
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la bataille de Nancy en 1477, où René II libère le duché des ambitions bourguignonnes,
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le siège de Metz en 1552, où François de Guise permet à la ville de résister au Saint-Empire romain germanique.
Le Père Fouettard : une autre origine possible
Une autre légende lorraine situe la naissance du Père Fouettard durant le siège de Metz par les troupes de Charles Quint. Pour encourager la population, la confrérie des tanneurs aurait inventé un personnage à la fois grotesque et effrayant, vêtu de noir et muni d’un fouet. Une caricature de l’empereur, destinée à punir les jeunes désobéissants, qui deviendra le Père Fouettard tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Les traditions de la Saint-Nicolas en France
Historiquement, Saint Nicolas voyage accompagné de son âne. En Lorraine, les enfants déposent donc le 5 décembre au soir :
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du foin ou des carottes pour l’âne,
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une boisson pour Saint Nicolas.
En échange, le saint offre friandises, pain d’épices et oranges aux enfants sages. En Alsace, une trique du Père Fouettard attend ceux qui ne l’ont pas été…
Chaque année, de nombreuses villes organisent de grands défilés début décembre : chars illuminés, distribution de bonbons, présence du Père Fouettard, fanfares… À Saint-Nicolas-de-Port, une impressionnante procession aux flambeaux rassemble des milliers de fidèles dans la basilique.
Saint Nicolas et les senteurs d’oranges et d’épices
Autrefois, les épices, venues d’Orient comme Saint Nicolas lui-même, étaient rares et coûteuses. Les épiciers, placés sous sa protection, confectionnaient un gâteau parfumé le 6 décembre : le pain d’épices, devenu indissociable de la fête.
Les oranges et mandarines, arrivant d’Espagne ou d’Afrique après de longues traversées, étaient elles aussi des mets précieux, réservés aux jours de fête.